Elle s'était placée au fond du bar, un point stratégique ou juste un moyen de ne pas se montrer?
Sa réponse: ne pas se montrer. Utiliser ces ombres qui dansaient aux même pas que la mèche des bougies sur le bar en bois sombre. Oui, comme celui de son bistrot préféré à Montmartre, qui donne sur la place des peintres.
Sa réponse: ne pas se montrer. Utiliser ces ombres qui dansaient aux même pas que la mèche des bougies sur le bar en bois sombre. Oui, comme celui de son bistrot préféré à Montmartre, qui donne sur la place des peintres.
Dans ce coin, on à l’œil sur tout mais elle, elle ne l’avait surtout nulle part. Elle savait qu’on ne la voyait pas ou du moins qu’on ne distinguait pas grand-chose de cette jeune femme. Ni moche ni belle, appareil dentaire ou non, acné profond ou sans trace. Bref, une place où personne ne vient la tromper dans ses songes.
Quand elle vient, c’est qu’elle se sent ou qu’elle est profondément seule. Vous savez, cette solitude qui, vous coupe la voix, vous ne faites que penser à votre statut et à ce fait d’être si seule que l’on vient à se dire et se demander pourquoi votre vie peut être si vide….Pourquoi personne se rattache à la votre, êtes-vous quelqu’un aux yeux de quelqu’un d’autre ?Pourquoi n’êtes vous pas capable de remplir votre vie et de la laisser tombée ?
Tout ça, ça vous raisonne dans les oreilles, cogne contre vos tympans, hurle dans votre tête, déchire vos parois de l’intérieur, ça vous démange comme des millions de bestioles réclamant sortir de votre corps. Ajoutez le conflit de vos pensées, celles encore raisonnées et celles totalement perdues prenant peu à peu le pas sur les autres. Vous n’en pouvez rien faire, vous n’avez que les yeux pour pleurer ou votre inconscience minable et pathétique pour fuir.
Cette jeune femme pense ainsi, elle préfère regarder les remous que son souffle donne dans ce verre un peu sale mais pas encore vide. Elle est prête encore une fois, à se retourner la tête d’alcool. L’alcool ne vous lâche pas, il est présent quand vous le demandez…Elle ne voulait pas boire, elle n’attendait que chaleur, douceur et profiter tout simplement…Profiter et rêver de couleurs éclatantes sur sa toile, seule elle aussi.
En ce moment, elle est par terre, elle est tombée il y a 10min sur le goudron mouillé. Il est 22h14, elle se met sur le dos ne faisant attention ni aux klaxons ni aux mains se tendant vers elle. Non, elle ferme ses yeux trempés de sa douleur et chante comme elle le peut, son cœur déchiré chante à haute voix, appelant au secours et se mutilant à penser aux souvenirs passés et aux chaleurs d’autres mains qui lui voulaient du bien…